

Colombe St-Pierre
Membre du jury 2022
Chef et copropriétaire du restaurant Chez St-Pierre et de la Cantine Côtière Chez St-Pierre
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Quelles sont tes actualités pour 2022 ? Raconte-nous tes projets.
On dépend de tellement de choses qu’il est difficile d’avoir des projets ces jours-ci. Oui, j’en ai, mais est-ce réalisable? La pandémie, c’est insidieux.
Si tout va bien, nous allons rouvrir la cantine. Le resto rouvrira aussi mais sous une nouvelle version plus conviviale qui découle de la réflexion de ce qui s’abat sur nous. Les prix et l’inflation vont augmenter dans des sphères inimaginables, ce qui est vraiment problématique. Le manque de staff est un problème aussi.
Mon nouveau projet est de restaurer la restauration. La gastronomie a été malmenée par la pandémie mais elle l’était déjà avant. J’aimerais la démocratiser, la rendre plus accessible pour ne pas qu’elle meure, essayer de proposer quelque chose de plus contagieux. J’aimerais intégrer aux arts de la table les questions qui se posent aujourd’hui: éthiques, environnement, ressources humaines, etc.
Il faut que tout le monde se mette à réfléchir en parallèle. La gastronomie est au-delà de ce qu’elle a eu comme marque dans les dernières 30-40 années. Aujourd’hui le mangeur est plus conscient de ce qu’il mange. Pour moi la gastronomie c’est la réflexion derrière et son salut repose dans son accessibilité. C’est ma réflexion derrière mes nouveaux projets.
Comment as-tu vécu la pandémie ? Penses-tu qu’il y aura des changements au sein du milieu de la gastronomie avant et après ? Penses-tu que la pandémie aura aussi eu des effets positifs ?
La pandémie nous a épuisé. L’état de fatigue de ceux qui sont les ports étendards de notre métier est considérable.
Au sein de la restauration avant la pandémie il y avait une crise déjà. Malheureusement, l’humain attend toujours la catastrophe avant de réagir. Ça faisait longtemps que je militais pour certains problèmes, l’aspect rentabilité de la restauration, les conditions de travail et plus. La pandémie n’a fait qu’empirer tout ça.
Mais je suis quelqu’un qui regarde devant tout en étant consciente du passé. La pandémie a permis la création d’un Collectif de la restauration indépendante. Au niveau législatif, il n’y a jamais eu de différence entre les grandes chaînes et les restaurant indépendants. Il est urgent de faire reconnaître cette différence par le gouvernement. On parle de notre culture culinaire!
L’autre point positif est que la population est maintenant sensibilisée à notre réalité, et a fait preuve d’un grand amour envers nous. Pour moi, c’est une super belle nouvelle le fait d’avoir plus de conscientisation par rapport a l’apport de la restauration dans notre culture culinaire.
Enfin, le souhait de tendre vers une autonomie culinaire a été formulé par tout le monde, incluant le Premier Ministre. C’est une opportunité pour la restauration indépendante, parce qu’elle soutient cette autonomie. Nous sommes les plus grands connaisseurs de l’autonomie alimentaire. On devient des acteurs économiques importants. Maintenant, je pense qu’il va falloir devenir un peu des ambassadeurs. Il va falloir sortir de nos cuisines pour essayer de faire avancer notre métier (qui inclut tous les gens avec lesquelles on travaille, les maraichers, les pêcheurs, les vignerons, etc.). C’est ce qu’on a de plus beau et c’est ce qu’on veut présenter aux visiteurs du monde entier.
En 2022, de quoi la gastronomie québécoise a-t-elle le plus besoin ?
Du soutien de la population, qui a quand même beaucoup avancer.
Du soutien et de la reconnaissance au niveau gouvernemental de la restauration comme partie intégrante de la culture, de l’économie, du tourisme, du développement, etc.
Ta plus belle découverte de l’année ? C’est permis d’en mentionner plusieurs !
La plus belle collaboration que j’ai eue dans mon milieu, ce sont des chercheurs qui mettent leurs savoirs au service des décideurs, pour Manger Notre Saint-Laurent par exemple. Apporter des réponses à des questions essentielles qui peuvent apporter des changements, c’est primordial.
« Goûter NOUS » est basé sur le même principe par rapport à l’agriculture au Québec. Des chercheurs d’expertises fondamentales et diverses se réunissent pour analyser des questions environnementales, d’espèces, de territoire, etc.
L’accès à la recherche est fondamentale pour prendre des décisions éclairées.
Que souhaiterais-tu voir au Gala des Lauriers cette année ?
Madonna! Hahaha!
Sérieusement, j’aimerais y voir les institutions, les vieux restos qui sont là depuis 30-40 ans, ce serait bien de leur rendre hommage.